Extraits

[...] deux semaines après le retour à l'école, Nathalie fut convoquée par Monsieur André. Cette fois, Emma avait coupé la frange de l'élève assise près d'elle. Sa camarade lui avait rendu la pareille en donnant des coups de ciseaux dans sa chevelure: l'une avait le front désormais dégagé tandit que l'autre voyait son carré raccourci de plusieurs centimètres mais d'un côté seulement!

David ne put s'empêcher de sourire en entendant la confession de sa fille: croisant les yeux courroucés de son épouse, il reprit un air sérieux et sermonna en agitant son index:

"On ne joue pas avec des ciseaux! Tu aurais pu blesser Chloé! Tu comprends?

- Oui papa. Je le ferai plus mais avec Chloé, on voulait se faire de belles coiffures!

- Je me doute que vous ne pensiez pas mal agir mais c'est dangereux, tu saisis?

- Mmmm. Pardon Papa, pardon Maman."

Un vendredi après-midi, Nathalie fut à nouveau hélée par l'enseignant manifestement hors de lui: la jeune femme rougit violemment en voyant les regards des parents présents converger sur elle. Le maître d'école l'apostropha vivement:

"Madame Gomez, ça ne peut plus continuer comme ça! Emma est absolument insupportable! Venez voir ce qu'elle a saccagé dans ma classe!

- J'ai pas fait exprès! C'est Théo qui m'a fait un croche-pied!

- Tais-toi! aboya Monsieur André, ulcéré. Tu ne cesses de perturber tes camarades, tu te montres violente, tu ne respectes rien!

- Maman, je mens pas! J'ai pas voulu renverser le pot de peinture sur les dessins!

- Je pense que vous devriez consulter un psychologue, voire un pédopsychiatre car votre fille devient ingérable!

- Je suis vraiment désolée Monsieur. Je ne sais pas quoi vous dire.

- Mais Maman, je...

- Silence! Nous rentrons à la maison et ne discute pas!

-Tu avais dit qu'on allait goûter à côté des chevaux, tu...

- Pour l'amour du Ciel, ne dis plus un mot! Tu rêves si tu crois que je vais récompenser une attitude pareille!"

La porte d'entrée de la maison refermée, Adrien déposé délicatement dans son parc, Nathalie saisit brutalement sa fille par le bras et la tira jusqu'à la chambre, sans tenir compte de ses supplications. Elle l'empoigna alors et la secoua sans ménagement en hurlant:

"Mais quand vas-tu comprendre? Quand vas-tu arrêter de me pourrir la vie? Quand? QUAND?"

Elle lui administra une fessée, frappant encore et encore, hystérique, possédée par une fureur incontrôlable. Elle finit par la jeter par terre et sortit, la main douloureuse, en claquant la porte de toutes ses forces. En traversant le couloir pour rejoindre son bébé, elle aperçut son reflet dans le miroir: méconnaissable, le teint écarlate, la chevelure hirsute, les pupilles dilatées, un air féroce lui déformant les traits, elle avait tout d'une folle! Elle se laissa tomber sur le sol, criant encore, tapant dans le mur avec ses pieds, étouffée par ses pleurs, hors d'haleine. De l'autre côté de la cloison, Emma hoquetait tandis que des spasmes agitaient son petit corps.